Etat des populations en Espagne

La Société d'études ornithologiques d'Espagne vient de publier le rensensement 2018 de la population d'Aigle de Bonelli dans l'ensemble du pays.

Ce document très complet est disponible sur la page de la SEO (AGUILA PERDICERA).

Patrick Boudarel (DREAL Occitanie nous en propose une synthèse en français ci-dessous) :

La population espagnole s'établit en 2018 à 745 couples territoriaux (711 surs, 34 probables), l'espèce reste donc bien encore en léger déclin (de l'ordre de 3 %) dans son bastion européen (il en était compté 733 c. sûrs et 768 maxi en 2005). Comme les paramètres reproducteurs moyens n'ont pas significativement changés par rapport à 2005 (par ex. 0,91 contre 0, 92 pour la productivité), on peut penser que ce sont les taux de mortalité qui ont évolué défavorablement.

En terme d'importance des régions (noter ici que les % repris du document ne portent que sur les couple sûrs = 1er chiffre) :

  • l'Andalousie (317-334 c.) arrive toujours en tête avec près de la moitié de la pop. espagnole (44,6 %)
  • l'Estrémadure (92 c.) vient ensuite assez loin avec près de 13 % (à noter que c'est la seule région dont les données datent en réalité de 2017)
  • La Communauté Valencienne (81 c.) et la Catalogne (77-79 c.) sont désormais pratiquement au même niveau (11 % chacune)
  • Castilla-la-Mancha (71-79 c.) suit enfin avec 10 %
  • 3 autres régions présente encore un taux de 2 à 3  % (17 à 22 couples) : Murcia, Aragon, Castilla-y-Léon

L'unique région reconquise depuis 2005 est bien sûr Les Baléares (Majorque) avec 8 couples territoriaux issus de la réintroduction. Celle-ci représente déjà 1 % de la population espagnole, devant les 4  dernières régions (4 provinces) abritant 1 à 4 couples : Madrid, La Rioja, Navarra, Euskadi (Alava) : ce sont d'ailleurs les 5 régions/provinces où se déroulent des réintroductions/renforcements à l'aide des Life.

Seules trois régions espagnoles n'abritent, pas (La Galice, c'est historique) ou plus (les Asturies et la Cantabrie (Santander) mais c'était déjà le cas en 2005), aucun couple de Bonelli, soit le nord-ouest de la péninsule ibérique (pour rappel il n'a jamais été présent aux Canaries, hors "Espagne continentale").

Se confirme ici l'idée que Catalogne et France constituerait une même "unité de gestion globale" (totalisant 112-114 c. en 2018) au sein de la méta-population ibérico-française : la pop. française reste de l'ordre de la moitié de la Catalane mais leurs courbes d'évolution sont remarquablement parallèles, alors qu'au sud (Communauté Valencienne) et à l'ouest (Aragon), le déclin s'est accentué.
Une tendance ou un risque à long terme de rupture de continuité (à relativiser) par les sierras pré-littorales méditerranéennes (de la communauté valencienne) est donc en cours mais n'affecte pas pour le moment l'évolution catalano-française dont la croissance des effectifs depuis 2005 (+ 20-22 % en moyenne, dont + 18-21 % en Catalogne  et +  25 % en France) est la meilleure de toute la méta-population (réintro aux Baléares et renforcement à Madrid mis à part).

Autres éléments remarquables en Espagne :

  • une progression notable de la nidification sur des arbres : 53 couples (contre 34 en 2005) soit 7,5 % de l'ensemble (dont 27 en Andalousie et 12 en Estrémadure, à proximité donc de la population sud portugaise dont c'était jusque là un peu la spécialité). A relever aussi que dans la population réintroduite des Baléares il y en a la moitié (4/8) installée sur des arbres !
  • une faible nidification sur support de lignes électriques (ou autre support artificiel) : 3 couples, soit seulement 1 de plus qu'en France soit 1 en Catalogne, 1 en Andalousie et 1 en en Castilla-la-Mancha.

 

 

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